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La nouvelle vie d'une famille de réfugiés éthiopiens au Yémen réinstallés en Suède

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La nouvelle vie d'une famille de réfugiés éthiopiens au Yémen réinstallés en Suède

Malgré les obstacles, le long périple d'une famille éthiopienne entre la Corne de l'Afrique et le nord de la Suède n'amène que sourires
31 Décembre 2015 Egalement disponible ici :
Ibrahim Nur Mohammed (au centre gauche) et Mawardi Siraj Ibro (à l'avant, au centre gauche), entourés de leur famille et de leurs amis, posent devant leur école préparatoire à Delsbo, en Suède.

HUDIKSVALL, Suède, 30 décembre (HCR) - Un soir, l'été dernier, Ibrahim Nur Mohammed et sa famille sont descendus d'un bus et ont contemplé la mer Baltique. L'air était vif et ils n'écoutaient que le bruit des vagues qui s'écrasaient sur le rivage.

Après treize années d'exil en tant que réfugiés en Somalie et au Yémen, ils avaient enfin trouvé une nouvelle patrie. Mais le climat, la culture et l'environnement de ce pays pouvaient difficilement être plus différents de la Corne de l'Afrique, torride, où persécution et conflit ont accompagné chaque moment de leur vie.

« C'est très sombre et calme en hiver ici, mais nous aimons beaucoup ça », explique Ibrahim, 35 ans. Avec son épouse Mawardi et leurs quatre enfants, ils vivent depuis maintenant cinq mois dans leur nouveau « chez eux » situé dans la petite commune de Delsbo, au nord de la Suède. Ils apprécient tous beaucoup.

« Les habitants sont très gentils. Nos enfants adorent tellement leur nouvelle école et leurs amis qu'ils pleurent tous les jours au moment de rentrer à la maison ».

Ils ont parcouru un long et difficile périple pour rejoindre la tranquillité du nord de l'Europe. Mais, de nouveaux obstacles les y attendent.

« Les premières semaines, ça me semblait impossible d'apprendre le suédois, raconte Ibrahim. C'était comme si quelqu'un chantait. Puis, c'est devenu beaucoup plus facile. Je veux apprendre le suédois le plus vite possible pour mieux m'intégrer et trouver un emploi. »

Le calme et le froid du paysage suédois, la tranquillité de la forêt et le premier hiver européen de la famille se rapprochent. Les enfants sont très impatients. Pour la première fois de leur vie, ils vont découvrir la neige, peut-être le patinage et le ski, choses auxquelles ils n'auraient même pas pu rêver il y a quelques mois.

« On est tellement heureux chaque matin, au réveil, à l'idée de passer une nouvelle journée dans notre nouvelle maison, ajoute Ibrahim. Maintenant, on ose penser à la vie de façon positive, pleine de possibilités. Cela ne va pas être facile, mais nous avons confiance ».

Les réfugiés qui se sont envolés pour la Suède bénéficient de ses programmes d'intégration et d'accueil, qui comprennent des cours préparatoires dans la langue. Ibrahim et Mawardi participent actuellement à une formation gouvernementale qui enseigne tous les jours le suédois aux immigrants.

Originaires de Bedessa dans la région d'Oromia en Éthiopie, Ibrahim et son épouse ont été forcés de fuir vers Garowe, en Somalie voisine, en 2002.

« J'ai été accusé de soutenir le Front de libération Oromo (OLF) et nous n'avons pas eu d'autre choix que de partir », explique Ibrahim, l'OLF étant un mouvement séparatiste armé déclaré illégal par le gouvernement éthiopien. « Après six années difficiles en Somalie, nous avons décidé de partir à nouveau, cette fois-ci au Yémen ».

Après un voyage périlleux de trente-six heures à bord d'un bateau pneumatique bondé, Ibrahim et sa famille sont arrivés au Yémen. « À un moment, j'ai pensé qu'on ne sortirait pas vivants de la traversée, raconte-t-il. On était terrorisés. C'était intenable. Je remercie Dieu d'avoir survécu ».

Mais le traumatisme était loin d'être terminé. Depuis le mois de mars, la reprise du conflit au Yémen a coûté la vie à près de 6 000 personnes et fait 27 000 blessés. Des réfugiés et des déplacés yéménites figurent parmi les tués et les blessés. Au total, on compte 1,5 million de déplacés.

À Sanaa, la capitale du pays, Ibrahim et sa famille se sont trouvés pris entre les frappes aériennes, les bombardements et les affrontements entre le gouvernement exilé et les rebelles. Harcelés en permanence, ils craignaient constamment pour leur survie.

Mais, le 14 avril 2015, le HCR leur annonce qu'ils allaient être réinstallés en Suède. Ibrahim et sa famille ont vécu tant d'années sur les routes qu'ils ont peine à y croire.

« Ce n'est qu'une fois assis dans l'avion que nous avons réalisé ce qui était en train de se passer, raconte Ibrahim. C'est un sentiment indescriptible. On nous a remis un document à ne surtout pas perdre. Il nous ouvrait les portes de la Suède. Ce petit bout de papier est devenu le symbole de notre lutte, alors on l'a encadré et accroché au mur de notre salon, dans notre appartement à Delsbo ».

L'histoire d'Ibrahim et de sa famille rappelle celle de nombreux réfugiés coincés au Yémen. Deux cent quatorze réfugiés de la région ont été réinstallés en 2015 et, compte tenu de l'escalade du conflit, le HCR prévoit d'en réinstaller 53 autres. Parmi eux figurent de nombreuses femmes en danger, des personnes qui ont survécu à la violence et à la torture ou qui ont besoin de soins médicaux.

Au Yémen, le HCR gère ces réinstallations dans un contexte de guerre permanente et en l'absence de solutions durables.

Par Mattias Axelsson et David Gunther, Suède