Une nouvelle exposition « Le coeur de la guerre, une histoire de femmes »
Une nouvelle exposition « Le coeur de la guerre, une histoire de femmes »
Montauban, France, 14 décembre (HCR) - A l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, le Conseil général de Tarn-et-Garonne a organisé une manifestation autour de deux événements : une exposition des oeuvres d'Yvelyne Wood et un colloque pluridisciplinaire visant à apporter un éclairage historique et scientifique sur la violence envers les femmes en temps de guerre.
Le moment le plus émouvant de cette rencontre fut sans conteste celui de la séance solennelle dans l'hémicycle du Conseil général, sous la présidence de M. Jean-Michel Baylet qui a évoqué la solidarité à travers « la main tendue à celles et ceux qui souffrent ». Tout en rappelant la thématique de cette journée des droits de l'homme où « tout le monde a non seulement le droit mais aussi le devoir de se faire entendre », il a donné la parole à l'invitée d'honneur, Madame Saja Coric, une ancienne déplacée originaire de Bosnie-Herzégovine et « la porte-parole de toutes les femmes de cette région qui ont subi l'inacceptable dans leur chair comme dans leur coeur ».
Dans sa langue maternelle, Saja Coric a témoigné. Elle a évoqué la période de sa vie où elle a été forcée de quitter son domicile à Mostar pour vivre dans un camp. Courageusement, elle a raconté les violences qu'elle a subies, dont le viol, et d'autres violences dont elle a été témoin : des enfants torturés, des parents âgés violés... Parmi l'audience, l'émotion était forte. Ce moment chargé d'histoire a ravivé des souvenirs douloureux parmi des personnalités dont les pères, fuyant la guerre d'Espagne, avaient été internés à Septfonds, dans des conditions très difficiles et séparés de leur famille.
Saja Coric a conclu ses propos par une métaphore qui est celle du « phénix qui renaît de ses cendres » et elle a remis au Président du Conseil général un tableau pour le remercier de son soutien à cette manifestation. Le tableau représente le pont de Mostar, détruit pendant la guerre, sur lequel se tient une femme traumatisée par la guerre. Elle a expliqué que « le pont a été reconstruit et il lie les deux côtés de la rivière. La femme n'est pas seulement celle qui lie les deux rives, mais aussi les personnes ».
Philippe Leclerc, Représentant du HCR en France, s'est félicité de la présence de Saja Coric à cette cérémonie, pour faire entendre la voix des victimes de violence en temps de guerre. Il a également rendu hommage au travail d'Yvelyne Wood qui arrive à transcrire la voix des réfugiées et de la guerre. « Les conflits provoquent des afflux massifs de réfugiés et parmi eux, celui de femmes. Tant au Mali, en République démocratique du Congo qu'en Syrie, les femmes sont visées en tant que femmes ou en tant que représentantes d'une communauté qu'on veut avilir et blesser », a expliqué Philippe Leclerc.
Par ailleurs, en ce dernier jour de la campagne des 16 jours d'action contre la violence envers les femmes, Yvelyne Wood a inauguré sa nouvelle exposition intitulée « Le coeur de la guerre, une histoire de femmes ». Elle avait déjà organisé une exposition sur ce thème à la Sorbonne au printemps dernier,
Afin de restituer au plus près le vécu de ces femmes à travers des oeuvres chargées d'histoire, l'engagement d'Yvelyne Wood l'a menée à Sarajevo où elle a rencontré de nombreuses femmes, et notamment Saja Coric. Elle a décidé, à travers ses oeuvres, de témoigner de leur courage car, comme elle le déclare, « ces femmes méritent notre appui » et elle se veut « passeur d'histoire ».
Elle a réalisé à son retour de Sarajevo l'oeuvre intitulée « La Vénus de Milosevic ou Vénus Dolorosa » sur laquelle le public peut lire les inscriptions manuscrites des noms et dates de naissance de quelques-unes parmi les milliers de victimes du massacre de Srebrenica.
L'ensemble de l'exposition invite à poser un regard sur l'horreur des violences subies par les femmes au cours des dernières guerres contemporaines et à une véritable prise de conscience des souffrances endurées par les populations persécutées à travers le monde comme actuellement en Syrie, au Mali ou en République démocratique du Congo.
Cette exposition est présentée dans le Hall d'honneur du Conseil général de Tarn-et-Garonne jusqu'au 31 janvier 2013.
Par Fadma Moumtaz à Montauban, France