Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Le chef du HCR appelle les Etats européens à garder leurs portes ouvertes

Articles et reportages

Le chef du HCR appelle les Etats européens à garder leurs portes ouvertes

A Berne, en Suisse, le chef du HCR, António Guterres, a appelé l'Europe à démontrer une solidarité accrue envers les pays accueillant des réfugiés.
20 Janvier 2011
Lors d'un discours à Berne, le chef du HCR a mis en exergue le sort des Somaliens qui « ont péri dans des déserts, été abattus alors qu'ils essayaient de franchir une frontière et se sont noyés alors qu'ils tentaient de traverser le golfe d'Aden. »

GENÈVE, 20 janvier (HCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a appelé mercredi les pays européens à accroître les places de réinstallation et l'aide aux réfugiés pour marquer leur solidarité envers les pays accueillant des réfugiés à travers le monde. De fait, 4/5e de l'ensemble des réfugiés sont hébergés dans des pays en développement.

António Guterres a spécifiquement demandé à la Suisse de prendre l'engagement de rétablir son programme de réinstallation permanent, au cours du discours intitulé « Garder les portes ouvertes » qu'il a prononcé lors du Quatrième symposium biennal sur l'asile à Berne, en Suisse.

« A l'heure actuelle, l'Europe offre environ 6 000 places de réinstallation par an, soit approximativement 7,5 pour cent du nombre total de places offertes dans le monde », a affirmé António Guterres devant un auditoire composé d'ONG suisses, de juges, d'universitaires, de juristes et de représentants du gouvernement. « Un programme plus important offrirait des solutions tant attendues et prouverait aux principaux pays hôtes du monde en développement que l'Europe est prête à se montrer plus solidaire », a-t-il ajouté.

António Guterres a également saisi cette occasion pour rappeler le sort des réfugiés somaliens, qui vivent en majorité au Kenya et au Yémen. « Je ne pense pas qu'il y ait aujourd'hui un groupe de réfugiés aussi systématiquement indésirable, stigmatisé et discriminé que les Somaliens », a indiqué António Guterres. Il a fait part de sa consternation sur la poursuite, par certains Etats, des expulsions de Somaliens vers Mogadiscio « une capitale essuyant des bombardements quasi permanents. »

António Guterres, rentré récemment d'une mission au Yémen, a souligné l'exemplarité particulière de ce pays qui octroie automatiquement le statut de réfugiés aux Somaliens à leur arrivée. Cette générosité intervient malgré « d'énormes problèmes intérieurs. »

Parallèlement, dans le monde développé, « le tableau n'est pas entièrement sombre », a indiqué António Guterres. Parmi les bonnes nouvelles, il a expliqué que plus de 120 000 personnes ont obtenu le statut de réfugié dans les pays industrialisés. Mais « il n'y a pas encore de véritable régime européen pour l'asile », a indiqué António Guterres. Il a donné l'exemple du « taux de reconnaissance des demandeurs d'asile somaliens dans les Etats membres de l'Union européenne qui a varié de 4 à 90 pour cent en 2009. »

Au sujet de la complexité croissante des flux migratoires, António Guterres a fait référence aux mouvements des personnes à travers le golfe d'Aden et la mer Rouge, y compris des Somaliens et des Ethiopiens. Alors que certains ont des besoins en matière de protection qui sont « évidents et bouleversants », d'autres ont fui des « méga-tendances du monde moderne : la croissance démographique, l'insécurité alimentaire, le manque d'eau et les changements climatiques. » António Guterres a indiqué clairement que son intention n'est point de demander « que toutes ces populations en déplacement soient reconnues comme réfugiées » et il a appelé les Etats et d'autres parties à créer les conditions d'une discussion sur les moyens de fournir une protection aux personnes en ayant besoin mais ne répondant pas à la définition existante du réfugié.

Le Haut Commissaire a indiqué que le HCR a mandaté une étude pour mieux quantifier les contributions des pays en développement accueillant des réfugiés. Ajoutant que les 25 pays accueillant le plus de réfugiés se trouvent tous dans le monde en développement, il a appelé « à de nouvelles modalités du partage de la charge pour garantir qu'à la générosité des pays et des communautés hôtes corresponde la solidarité du monde développé. »

Durant son discours prononcé à Berne, la capitale suisse, António Guterres a rappelé qu'en Suisse, « les réfugiés et les personnes au bénéfice d'une admission provisoire représentent 0,6 pour cent de la population totale - et les demandeurs d'asile représentent 0,2 pour cent. » Il a appelé à « davantage d'honnêteté dans nos discussions publiques sur les questions de réfugiés… La tolérance doit être reconnue comme une vertu et non comme un vice. »

António Guterres a indiqué que la Suisse célébre cette année plusieurs anniversaires, y compris 50 ans d'aide internationale, 40 ans d'aide humanitaire, 30 ans de chaîne du sauvetage de Swiss Rescue, et l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés fêtant son soixante-quinzième anniversaire. Le HCR célèbre également cette année le 60e anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et le 50e anniversaire de la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie.

António Guterres a ajouté que ces commémorations pourraient être l'occasion pour la Suisse de prendre deux engagements, « rétablir un programme de réinstallation permanent » et « réaffirmer l'engagement à un régime d'asile ». En conclusion de son discours, il a indiqué que l'année 2011 devrait être mise à profit pour « susciter un nouvel élan auprès de la communauté internationale afin de répondre aux besoins des personnes déplacées de force. »

Par Sybella Wilkes