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Bangladesh : les réfugiés du Myanmar tissent autonomie et espoir

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Bangladesh : les réfugiés du Myanmar tissent autonomie et espoir

Associer le sens des affaires aux compétences traditionnelles de tissage des réfugiés s'est révélé une formule gagnante pour tout un village dans une région isolée du Bangladesh.
14 Septembre 2009
Dans le village bangladais isolé de Faruk Para, Kil Cer, une réfugiée du Myanmar de l'ethnie chin, âgée de 34 ans, tisse une couverture dans le cadre d'un programme d'autonomisation financé par le HCR.

FARUK PARA, Bangladesh, 14 septembre (HCR) - Kil Cer, une réfugiée timide et menue de l'ethnie chin, originaire du Myanmar et âgée de 34 ans, se retrouve tous les matins avec cinq autres femmes pour tisser des couvertures dans le centre communautaire de ce village isolé et luxuriant des Chittagong Hill Tracts.

Elles ne fabriquent cependant pas simplement les couvertures traditionnelles colorées que leurs mères et grands-mères ont toujours confectionnées. Tranquillement et à leur façon, elles ont créé une petite révolution économique dans le site qui accueille 700 personnes, libérant leurs familles de leurs dettes et de leur dépendance par rapport aux dons.

« Je suis heureuse maintenant », déclare Kil Cer. « Avant, notre vie était un combat difficile ». En grande partie grâce aux compétences de tissage de Kil Cer, les membres de sa communauté ont remboursé toutes leurs dettes. Ils sont en mesure de subvenir aux besoins de leurs familles sans le soutien du HCR et ils ont investi de l'argent dans d'autres affaires, comme des plantations de bananes, qui emploient aussi la communauté d'accueil locale bangladaise, les Bawm.

« Nous parlons quasiment la même langue qu'eux et ils ont été très accueillants envers nous », a expliqué Kil Cer, mère de deux enfants, à propos de ses hôtes.

Cette réussite illustre une nouvelle approche du HCR de développement de l'autonomie dans le cadre de l'accent mis par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres sur les réfugiés vivant en dehors des camps. Des enseignements ont été tirés de précédents programmes de subventions aux réfugiés qui ne possédaient ni les compétences ni la formation requises pour utiliser l'argent de manière adéquate. Désormais, le HCR a commencé à s'appuyer sur l'expertise de commerçants locaux pour développer les compétences des réfugiés vivant en dehors des camps au Bangladesh.

Il y a huit mois, Kil Cer et d'autres réfugiés dans le village étaient lourdement endettés après l'échec de plusieurs projets - de petites productions de riz, des épiceries et des fermes. Ils dépendaient du HCR depuis des années pour payer leur loyer et acheter des produits de première nécessité. Même lorsque Kil Cer avait essayé de gagner sa vie en tissant, elle parvenait seulement à gagner deux dollars par couverture - à peine de quoi couvrir ses dépenses.

« Comme de nombreuses filles au Myanmar, c'est ma mère qui m'a appris à tisser dans mon pays quand j'avais 15 ans », explique-t-elle. Au Bangladesh, elle a commencé à tisser des couvertures et elle a appris la technique à quelques autres jeunes femmes, des réfugiées et des Bangladaises.

Sa situation a changé à partir du moment où le HCR l'a présentée à Samantha Morshed, la directrice générale de Hathay Bunano, une société qui employait déjà des femmes bangladaises issues de zones rurales et d'autres personnes défavorisées pour fabriquer des peluches vendues sur le marché international dans le respect des règles du commerce équitable. Elle a donné gratuitement des conseils professionnels à Kil Cer et à son équipe sur la façon d'améliorer leurs produits et de les commercialiser, afin d'utiliser au mieux un prêt de lancement du HCR d'un montant de 250 dollars.

Aujourd'hui, leur offre comprend des châles, des écharpes, des ponchos, des couvertures pour bébé, des nappes de pique-nique, des couvre-lits et des sacs commercialisés sous la marque 'Expression in Exile', une marque qui devient à la mode au sein de l'élite urbaine de Dhaka, la capitale du Bangladesh. En un mois, elles ont réalisé un profit de 800 dollars, un montant important pour les habitants de Farak Pura et la demande est désormais plus forte que l'offre.

« J'étais impatiente de voir pour la première fois les couvertures de la marque 'Expression in Exile' et je suis heureuse de pouvoir donner quelques conseils au groupe en termes de couleurs, tailles, prix et matières premières », a déclaré Samantha Morshed. « Je ne vois pas pourquoi ces couvertures ne réussiraient pas à être vendues normalement à l'export dans un avenir proche. »

Maintenant que ses besoins quotidiens sont satisfaits, Kil Cer se tourne déjà vers un avenir auquel elle aurait difficilement pu rêver il y a un an. « Je veux investir dans l'éducation de mes enfants », a-t-elle déclaré. Siang Khin Par, sa collègue âgée de 19 ans, nourrit également de grands espoirs : « Je fais cela parce que j'aimerais être autonome. Je souhaiterais apprendre l'informatique et l'anglais. »

Saber Azam, le délégué du HCR au Bangladesh, a affirmé que le programme rapporte des bénéfices non seulement aux réfugiés mais également au Bangladesh.

« Donner aux réfugiés la capacité de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs communautés est souvent une activité plus humanitaire que celle de leur distribuer des dons gratuits pendant des années », a-t-il déclaré. « Kil Cer a également montré comment les réfugiés pouvaient aider leurs hôtes bangladais plutôt que de représenter une charge pour eux. »

Par Jelvas Musau à Faruk Para et Arjun Jain à Dhaka, Bangladesh