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De nombreux réfugiés se méprennent sur l'expansion de l'espace Schengen

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De nombreux réfugiés se méprennent sur l'expansion de l'espace Schengen

Les changements survenus vendredi dans les contrôles aux frontières ont peu de conséquences pour les réfugiés présents dans les nouveaux Etats membres de l'Union européenne.
21 Décembre 2007 Egalement disponible ici :
De nombreux demandeurs d'asile quittent les centres de réception, comme celui-ci en Hongrie, pour rechercher un eldorado improbable à l'ouest.

BUDAPEST, Hongrie, 21 décembre (UNHCR) - Avec des feux d'artifice et le démantèlement symbolique de points de passage frontières à travers l'Europe de l'est, neuf des nouveaux Etats membres de l'Union européenne ont rejoint vendredi l'espace Schengen, une zone de libre circulation des personnes.

La suppression des contrôles aux frontières est une bonne nouvelle pour les ressortissants des Etats membres de l'Union européenne, pour les personnes en voyage d'affaires et pour les touristes. La Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie ont rejoint l'espace Schengen. Cependant la plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile, vivant dans ces pays situés à la frontière orientale de l'Union européenne, seront déçus s'ils croient que ce changement est synonyme pour eux de nouvelles opportunités et de nouvelles libertés

Khaleb*, un réfugié pakistanais, est arrivé en Slovaquie il y deux ans. Il explique qu'il ne gagne pas suffisamment d'argent pour pouvoir aider sa mère, sa femme et leurs quatre enfants. Il a prévu de se rendre aux Pays-Bas lors de la suppression des contrôles aux frontières, après que la Slovaquie ait rejoint l'espace Schengen. « Aux Pays-Bas, il y a une importante communauté pakistanaise et je suis sûr qu'ils m'aideront à trouver un bon travail », dit-il, confiant.

Son optimisme est excessif. Il n'est pas le seul, parmi les réfugiés et les demandeurs d'asile, à attendre ce jour avec impatience, durant lequel la République tchèque, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et Malte ont aussi rejoint l'espace Schengen, qui comptait auparavant 15 pays.

Le bureau régional de l'UNHCR établi à Budapest, la capitale hongroise, est très préoccupé par ces idées fausses largement répandues à propos de l'expansion de l'espace Schengen, à tel point qu'il a publié une brochure d'information expliquant les changements.

« Les gens ont l'impression qu'en plus de pouvoir traverser les frontières sans passeport, ils pourront aussi s'établir et travailler là où ils le souhaitent à travers tout l'espace Schengen », a expliqué le délégué régional Lloyd Dakin.

Ces réfugiés et ces demandeurs d'asile doivent déjà affronter de nombreuses difficultés pour s'intégrer et trouver un emploi. Lloyd Dakin a ajouté « qu'ils doivent savoir que c'est le cas à travers toute l'Union européenne et que de nouveaux problèmes pourrait encore s'ajouter pour eux et pour leur statut, s'ils se déplaçaient illégalement. »

Des personnes ayant reçu le statut de réfugié dans les neuf nouveaux pays de l'espace Schengen pourront désormais, comme le font les touristes, voyager dans d'autres pays de l'espace Schengen. Cependant, ils ne pourront pas y rester plus de 90 jours et ils ne pourront pas y travailler sans permis de résidence ni de travail. Ils auront besoin de visas pour le Royaume-Uni et l'Irlande, qui ne sont pas membres de l'espace Schengen.

Les demandeurs d'asile, dont la demande de statut de réfugié est en cours, auront davantage de difficultés pour voyager. Selon la législation de l'Union européenne, ils ne peuvent pas quitter le pays où ils ont émis une demande initiale pour le statut de réfugié, sans qu'une décision n'ait été rendue. Ils ne sont pas autorisés à travailler durant la procédure de demande d'asile.

Les empreintes digitales de tous les demandeurs d'asile sont enregistrées dans une base de données de l'Union européenne. Ils peuvent être expulsés vers le premier pays d'asile, s'ils sont arrêtés alors qu'ils entrent dans un autre Etat membre, leur demande d'asile étant en cours d'examen.

Ces dispositions n'empêchent pas les gens d'essayer. James*, originaire d'Afrique de l'Ouest, est arrivé en Hongrie il y a six mois et il a soumis une demande d'asile. Attiré par des promesses de salaire élevé et de bonnes perspectives, il est entré illégalement en Italie. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'il se heurte à la dure réalité.

« Personne ne m'a embauché et après deux semaines, je n'avais plus d'argent. Je vivais dans la rue, je mendiais et je me cachais », a expliqué James, qui est retourné en Hongrie, attendant maintenant que soit rendue la décision sur sa demande d'asile. Il a eu de la chance car son périple en Italie n'a pas été remarqué par les autorités.

Cependant, malgré les restrictions, l'expansion de l'espace Schengen est une bonne nouvelle pour les réfugiés qui doivent voyager dans le cadre de leur travail. Daniel*, un réfugié du Kosovo, travaille pour une agence internationale des droits de l'homme à Budapest.

« Je dois voyager à l'étranger pour suivre des conférences et des formations. Jusqu'à maintenant, je rencontrais de grandes difficultés pour obtenir des visas car mon passeport de réfugié était valide un an seulement. A cause de cela, j'ai presque perdu mon travail », a-t-il dit. « Pour moi, l'expansion de l'espace Schengen va me permettre non seulement de voyager librement, mais aussi de pouvoir garder mon travail et de pouvoir subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille », a-t-il ajouté.

Parallèlement, les Etats situés à la frontière externe de l'Union européenne ont été préparés à empêcher les personnes qui traversent la frontière depuis l'est dans l'espoir de continuer leur chemin vers l'ouest. « Ici, le 21 décembre n'apportera pas un grand changement. Nos frontières sont compatibles avec l'espace Schengen depuis des mois maintenant », a expliqué Miroslav Uchnar, commandant de gardes-frontières slovaques à la frontière avec l'Ukraine.

Les frontières externes de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie et de la Slovénie sont déjà surveillées grâce à un arsenal d'équipement technique pour empêcher l'entrée de migrants illégaux.

Cependant l'agence des Nations Unies pour les réfugiés veut assurer que les personnes ayant besoin d'une protection puissent passer les frontières. « Dans le cadre de notre mandat, nous devons nous assurer que les gens ayant besoin d'une protection internationale puissent toujours entrer, quel que soit le niveau de renforcement des contrôles. Chaque demandeur d'asile doit avoir accès à des procédures justes et efficaces », a expliqué Lloyd Dakin, délégué de l'UNHCR.

Les préparatifs de l'UNHCR pour le nouvel espace Schengen ont cours depuis des mois. L'agence a signé des accords avec des gouvernements et des ONG partenaires visant à assurer que les demandeurs d'asile sont identifiés et qu'ils ont accès à l'information pour connaître leurs droits. L'agence aide aussi à la formation des gardes-frontières pour faire la différence entre les réfugiés et les migrants illégaux.

Par Andrea Szobolits et Melita Sunjic à Budapest, Hongrie

* Noms fictifs pour des raisons de protection