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Le conflit oublié en République centrafricaine a déraciné plus de 290 000 personnes

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Le conflit oublié en République centrafricaine a déraciné plus de 290 000 personnes

Une crise humanitaire oubliée frappe la République centrafricaine (RCA). Plus de 290 000 personnes ont été déracinées de leur foyer au cours des deux dernières années. Parmi elles, quelque 212 000 personnes sont déplacées internes dans le nord et 80 000 autres ont fui vers le Tchad, le Cameroun et la région du Sud-Darfour, au Soudan.
27 Septembre 2007 Egalement disponible ici :
Un groupe de mères avec leurs enfants dans la brousse. Ils n'ont accès ni à l'eau potable, ni aux soins de santé et ne s'alimentent pas régulièrement.

PAOUA, République centrafricaine, 26 septembre (UNHCR) - Une crise humanitaire oubliée frappe la République centrafricaine, avec plus de 290 000 personnes déracinées de leurs foyers depuis deux ans.

Les combats entre les forces gouvernementales et divers groupes rebelles se déroulant depuis mi-2005 ont déplacé quelque 212 000 personnes dans le nord-ouest et le nord-est du pays. Par ailleurs, 80 000 autres ont fui vers le Tchad voisin, le Cameroun et la région du Sud-Darfour, au Soudan.

Le monde extérieur reste peu conscient de la souffrance qui règne dans ce pays. « La crise humanitaire au nord de la République centrafricaine est largement éclipsée par la crise au Darfour et dans l'est du Tchad », a indiqué Bruno Geddo, le délégué de l'UNHCR en République centrafricaine.

« Des milliers de personnes vivent dans la brousse, parfois depuis deux ans. Ils manquent de tout et vivent dans la crainte constante d'être à nouveau pris au piège des combats entre les forces du gouvernement et des groupes rebelles », a-t-il ajouté, en faisant référence aux affrontements réguliers se déroulant aux alentours de Paoua, une ville située dans le nord-ouest à quelque 60 kilomètres au sud de la frontière avec le Tchad et à 500 kilomètres de la capitale, Bangui.

« Le schéma habituel se déroule de la façon suivante : les rebelles attaquent les villes principales dans le nord ; ensuite les soldats des forces gouvernementales les reprennent et ripostent contre les villages environnants », explique un déplacé rencontré récemment sur la route entre la ville de Paoua au nord-ouest de la RCA et la frontière avec le sud du Tchad, toute proche. « Nous, les civils, sommes pris entre les deux et nous payons un lourd tribut. »

Des centaines de civils ont été tués ; des maisons brûlées et des centaines de villages ont été abandonnés à cause des combats depuis 2005. Cependant, les gens quittent leurs cachettes dans la brousse et retournent quelques heures par jour dans leur village pour vérifier l'état de leurs biens et même pour aller à l'école.

« Je viens à Bemal le matin pour enseigner aux enfants », a expliqué Valentin Bekia, âgé de 41 ans, qui ajoute que certains enfants effectuent à pied une distance de sept kilomètres pour atteindre le village, situé sur la route vers la frontière depuis Paoua. « Après 14 heures, nous rentrons tous dans la brousse ; nous ne nous sentons pas assez en sécurité pour rester toute la journée et toute la nuit dans le village », a-t-il ajouté.

Le village de Bemal a été attaqué plusieurs fois l'année dernière et ses 1 600 habitants ont tous fui dans la brousse. Des dizaines de villages entre Bemal et Paoua ont été complètement abandonnés.

Les conditions de vie dans la brousse sont extrêmement difficiles. L'accès à l'eau potable est un immense problème, ainsi que les nombreuses maladies. Les enfants souffrent de diarrhées et de malaria, mais ne reçoivent pas les traitements nécessaires car leurs parents ont trop peur pour prendre le risque de se rendre dans les villes où se trouvent les centres de santé.

Les gens tirent le meilleur parti possible de leurs maigres ressources, en construisant des abris avec des herbes, en faisant pousser des légumes et en créant même des écoles de brousse. Mais ces efforts ne suffisent pas à remplacer la vie dans leur village et ils restent dans la crainte constante d'être attaqués de nouveau.

« A chaque fois que nous entendons le moteur d'une voiture, nous partons encore plus loin dans la brousse », explique Alphonse Baidoum, âgé de 70 ans et chef du village de Bodouli. Des hommes armés ont attaqué le village deux fois l'année dernière et sept personnes ont été tuées. Les villageois vivent maintenant dans la brousse, à quatre kilomètres du village.

Si les troupes gouvernementales et des soldats rebelles constituent une menace, les bandits en constituent une autre dans le nord, spécialement pour les membres de l'ethnie peule. Ils disent que les bandits, écumant les routes et les pistes, enlèvent les enfants et demandent des rançons aux familles. Celles-ci doivent alors vendre leur bétail pour collecter l'argent.

« Cette insécurité constante dans le nord de la République centrafricaine rend difficile, pour les agences humanitaires, l'assistance aux personnes déplacées dans la brousse », indique Bruno Geddo. Par ailleurs, la saison des pluies qui a débuté en juillet, limite aussi la régularité de l'approvisionnement. Les déplacés sont dispersés par petits groupes, ce qui ajoute aux problèmes auxquels doivent faire face l'UNHCR et d'autres agences pour tenter de les aider.

Le rôle principal de l'UNHCR dans les régions du nord est de contrôler la situation des droits de l'homme via un réseau d'observateurs établi en partenariat avec Caritas, une organisation humanitaire catholique. Parallèlement, l'agence pour les réfugiés a organisé des formations pour des soldats et pour la police sur les droits de l'homme et le déplacement interne.

Un groupe de mères avec leurs enfants dans la brousse. Ils n'ont accès ni à l'eau potable, ni aux soins de santé et ne s'alimentent pas régulièrement.

Conjointement à d'autres agences, l'UNHCR a aussi distribué des vêtements, du matériel pour les abris, des articles domestiques et des médicaments pour ceux qui se cachent dans la brousse. Parallèlement, un projet financé par l'UNHCR assure une aide psychosociale et un soutien communautaire aux victimes de tortures et de violences sexuelles.

Par Hélène Caux à Paoua, République centrafricaine