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Un jeune clandestin espère mettre fin à son errance et trouver enfin un foyer

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Un jeune clandestin espère mettre fin à son errance et trouver enfin un foyer

Elias Sagaad, un jeune apatride et réfugié pratiquement depuis sa naissance, a fui d'Afrique en Indonésie en prenant des risques qui effraieraient même l'explorateur Indiana Jones. A présent, il espère trouver enfin la paix et un nouveau foyer dans un pays de réinstallation.
14 Août 2007 Egalement disponible ici :
Elias Sagaad, un réfugié d'origine éthiopienne, participe aux célébrations organisées à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié à Jakarta.

JAKARTA, Indonésie, 14 août (UNHCR) - A 18 ans, Elias Sagaad avait déjà vécu quatre fois plus d'aventures que la plupart des jeunes gens de son âge. Il est d'abord devenu réfugié lorsqu'il avait 9 ans, puis il a perdu sa nationalité alors qu'il fuyait de pays en pays.

Après avoir été clandestin à bord d'un navire de haute mer, Elias a échoué en Indonésie il y a quatre ans, un pays très distant de son Ethiopie natale. Ce jeune homme, doté d'une grande faculté de récupération, espère maintenant que son prochain voyage sera plus heureux, et qu'il pourra recommencer une nouvelle vie dans un pays occidental, sur un autre continent.

Les parents d'Elias connaissaient déjà la fuite, ils étaient éthiopiens et se trouvaient en Erythrée. Suite à la mort prématurée de son père, un ancien soldat éthiopien, Elias a grandi dans des conditions de pauvreté en Erythrée, un pays où sa mère et lui ont, dit-il, subi des discriminations à cause de leur nationalité. Au terme d'une longue lutte, l'Erythrée s'est séparée de l'Ethiopie, pour obtenir son indépendance en 1989.

En 1999, des affrontements frontaliers entre l'Erythrée et l'Ethiopie se sont transformés en une véritable guerre et Elias a dû fuir à nouveau, craignant pour sa vie.

« La guerre a fait des centaines de morts dans mon pays », dit Elias, qui vit maintenant en sécurité à Jakarta, la capitale indonésienne. « Tout le monde est parti. J'ai supplié ma mère de partir aussi, mais elle n'a pas voulu. » Bien qu'il n'était encore qu'un enfant, il a rejoint un voisin et fui à Djibouti, « car je sentais que ma vie était en danger. »

Mais ce pays de la corne de l'Afrique aussi n'a été qu'un refuge provisoire ; en 2003, Djibouti a imposé à tous les immigrés clandestins de quitter le pays, et Elias faisait partie de cette catégorie.

Alors qu'il se trouvait face à un embarcadère à Djibouti, Elias se demandait où se rendre pour démarrer une nouvelle vie. Il s'est rendu compte que la réponse se trouvait juste devant lui - un navire cargo amarré au port. Il a grimpé le long de la chaîne de l'ancre et s'est caché pendant plusieurs jours dans un local tout au fond du bateau, pour en sortir lorsque les affres de la faim se sont faits sentir.

« Je me suis fait prendre par l'équipage à cause des traces de mes pieds sales sur le sol de la cuisine », se souvient Elias. « Mais le capitaine a été très gentil, il m'a demandé de prendre un bain et m'a donné de nouveaux habits. »

Finalement, explique-t-il, le capitaine lui a dit de nager jusqu'à la côte quand ils ont atteint le port de Surabaya, en Indonésie. De là, il a marché jusqu'à une église, où une Indonésienne lui a donné de l'argent pour prendre le train et rejoindre Jakarta.

Le visage et les vêtements crasseux, il faisait peur aux personnes dont il avait pourtant tellement besoin. « Peut-être que les gens pensaient que j'étais fou. C'était très difficile de demander de l'aide à quelqu'un », ajoute Elias.

Finalement, un garde chargé de la sécurité dans un hôtel l'a dirigé vers un quartier de Jakarta nommé Tahan Abang, où se trouvaient beaucoup d'autres Africains. L'un d'eux lui a offert un endroit où dormir et l'a guidé jusqu'au bureau de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Elias, qui est bel et bien apatride puisqu'il ne peut en aucun cas obtenir la nationalité éthiopienne ou érythréenne, a obtenu le statut de réfugié. Il reçoit désormais une petite indemnité de subsistance de l'UNHCR chaque mois.

« J'étais très content, et très reconnaissant à l'UNHCR parce que, sans l'aide de l'UNHCR, je n'aurais peut-être pas survécu », ajoute Elias.

Bien qu'il ne soit allé à l'école que jusqu'à la troisième année du cours primaire quand il était en Erythrée, Elias étudie maintenant l'anglais, l'informatique et la peinture dans le centre pour réfugiés de Jakarta. Après tant d'années passées à vivre seul, il utilise l'allocation reçue de l'UNHCR pour louer une chambre chez une logeuse, qui le considère comme son propre fils.

Pourtant, il trouve que cette situation floue est difficile à vivre. « Je veux vivre dans un endroit que je puisse considérer comme ma maison, je veux avoir une nationalité et je veux aussi un travail », dit-il. « J'espère vraiment qu'il existe un pays qui puisse m'accepter », ajoute-t-il, en évoquant les tentatives menées par l'UNHCR pour lui trouver un pays de réinstallation.

« Ce serait très difficile pour Elias de rentrer en Erythrée ou en Ethiopie, car il n'a plus de foyer là-bas », explique Shinji Kubo, qui est chargé principal de protection pour la région au bureau de l'UNHCR à Jakarta. « Nous étions tous tristes lorsque nous avons appris récemment que sa mère était morte en Erythrée, il y a quelques temps. Elias n'a plus de famille là-bas non plus. »

L'avenir de ce jeune homme est donc entre les mains de décideurs étrangers. « Nous allons poursuivre nos tentatives pour trouver un foyer et un pays pour Elias, explique Shinji Kubo, et nous espérons que nos efforts pour sa réinstallation seront bientôt couronnés de succès. »

Par Anita Restu à Jakarta, Indonésie