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Des centres d'aide juridique dans les camps thaïlandais : un nouvel espoir pour une justice meilleure

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Des centres d'aide juridique dans les camps thaïlandais : un nouvel espoir pour une justice meilleure

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés vient d'ouvrir le premier des sept centres d'aide juridique qu'elle prévoit d'installer dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Ces centres représentent pour des dizaines de milliers de réfugiés du Myanmar l'espoir d'une plus grande justice pour les viols et autres crimes brutaux commis dans l'espace clos des camps.
22 Novembre 2006 Egalement disponible ici :
Des employés du gouvernement thaïlandais (en chemise jaune) ont collaboré à l'ouverture du centre d'aide juridique dans le camp de Ban Mae Nai Soi, le premier de ce genre au monde.

CAMP DE BAN MAE NAI SOI, Thaïlande, 22 novembre (UNHCR) - Grâce à l'ouverture ce mercredi du premier des sept centres d'aide juridique prévus, des dizaines de milliers de ressortissants du Myanmar réfugiés en Thaïlande devraient bientôt trouver l'espoir d'obtenir une plus grande justice face aux crimes violents qui sévissent dans les camps à la frontière.

« Le projet du centre d'aide juridique est le premier du genre - non seulement dans les camps de réfugiés en Thaïlande, mais dans le monde entier », a déclaré Hasim Utkan, délégué régional de l'UNHCR, lors de la cérémonie d'inauguration au camp près de Mae Hong Son, dans le nord-ouest de la Thaïlande, à laquelle ont participé des fonctionnaires thaïlandais. « Le but global de ce projet est de promouvoir l'autorité de la loi et de faciliter l'accès au système de justice thaïlandais dans les camps de réfugiés. »

Les sept centres vont être ouverts d'ici un an dans trois camps accueillant 70 000 réfugiés. Les résidents victimes dont les droits ont été bafoués ou ayant été impliqués dans des crimes pourront y trouver des conseils individualisés. Ces centres auront aussi pour objectif de partager et diffuser des informations au sujet des droits humains, de la protection et des procédures juridiques.

Ce projet d'aide juridique, financé par le Gouvernement italien, fait partie du travail de l'UNHCR visant à améliorer l'administration de la justice en Thaïlande. Les centres seront gérés par l'International Rescue Committee (IRC).

En Thaïlande, les neuf camps situés le long de la frontière avec le Myanmar accueillent 140 000 réfugiés et sont administrés par le Gouvernement thaïlandais. Les réfugiés n'ont pas le droit de sortir des camps ; le personnel de l'UNHCR n'est pas autorisé à rester dans les camps la nuit, au moment où se déroulent la plupart des viols et violences familiales.

« Ces centres seront les yeux et les oreilles de l'UNHCR dans les camps », a indiqué Kirsten Young, déléguée assistante de l'UNHCR au niveau régional pour la protection, qui a dirigé le projet. « Ils vont aussi aider à orienter certains cas vers le système de justice thaïlandais et renforcer les capacités des mécanismes traditionnels de justice des réfugiés à gérer les cas présentés dans le respect des principes élémentaires des droits de l'homme », a-t-elle ajouté.

Les réfugiés n'ont pas le droit de quitter les camps surpeuplés ou de travailler légalement dans les camps. Le désoeuvrement forcé amène souvent à l'abus d'alcool, à l'utilisation de drogues et à la violence domestique.

Un rapport de l'UNHCR montre qu'entre 2003 et cette année, plus de 350 crimes graves ont été commis dans ces neuf camps. Le viol et la violence domestique ont été les formes les plus communes de crimes violents, 50 pour cent des viols ayant été perpétrés contre des enfants. Les auteurs de quatre meurtres sur cinq n'ont pas été arrêtés, même lorsque l'identité de l'assassin était connue.

Dans une autre étude menée il y a deux mois par l'IRC, 63 pour cent des résidents dans trois camps de réfugiés thaïlandais ont indiqué être très préoccupés pour leur sécurité dans les camps. Cependant, ils font peu confiance à la justice thaïlandaise, préférant les procédures traditionnelles de justice.

En grande majorité, les réfugiés voient le comité du camp - composé de leurs propres représentants - comme une instance adéquate pour juger les cas de meurtres. Seulement 11 pour cent d'entre eux estiment que le jugement des crimes de sang relève des tribunaux thaïlandais.

« Un nombre alarmant de participants à l'étude, 30 pour cent, pense qu'un crime aussi grave que le meurtre devrait même être jugé à un niveau moindre, c'est à dire par les représentants des réfugiés de la section concernée à l'intérieur du camp », a ajouté Kirsten Young. « Si les formes traditionnelles de justice et de médiation sont appropriées pour le jugement de certains méfaits, les crimes sérieux comme le meurtre devraient absolument être portés devant les tribunaux thaïlandais. »

En même temps, les réfugiés interrogés par l'IRC ont indiqué être favorables à la peine de mort ou à un long emprisonnement pour les meurtriers - des sentences que le comité du camp et la section des représentants n'ont pas le pouvoir de prononcer.

Les centres d'aide juridique ont pour but d'accroître la connaissance des réfugiés sur la législation thaïlandaise, leur compréhension du système juridique ainsi que leurs responsabilités devant la loi thaïlandaise. Les centres vont travailler étroitement avec les autorités judiciaires, les chefs de camps ainsi que les organisations communautaires et d'autres, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du camp, pour assurer le respect des droits des réfugiés.

Lors de l'ouverture du premier centre mercredi, le Gouvernement a émis de façon inattendue des réserves sur les règles selon lesquelles ces centres vont fonctionner. « Il se peut que nous soyons seulement aux contreforts de la colline, plutôt qu'au sommet de la montagne », a indiqué Hasim Utkan. « Il y a encore des sujets qui doivent être réglés, mais nous espérons que ces centres seront une grande avancée dans la justice pour les réfugiés. »

Des employés du gouvernement thaïlandais (en chemise jaune) ont collaboré à l'ouverture du centre d'aide juridique dans le camp de Ban Mae Nai Soi, le premier de ce genre au monde.

Par Kitty McKinsey au camp de Ban Mae Nai Soi, Thaïlande