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La Haut Commissaire assistante exprime un optimisme prudent sur la situation des Montagnards rapatriés dans les hauts plateaux du centre du Viet Nam

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La Haut Commissaire assistante exprime un optimisme prudent sur la situation des Montagnards rapatriés dans les hauts plateaux du centre du Viet Nam

Après deux jours de visite officielle dans les hauts plateaux du centre du Viet Nam auprès des Montagnards rapatriés du Cambodge, la Haut Commissaire assistante pour la protection, Erika Feller, a exprimé son « optimisme prudent quant à l'évolution de leur situation ».
27 Avril 2006 Egalement disponible ici :
La Haut Commissaire assistante Erika Feller a rencontré les villageois montagnards pendant sa visite de deux jours dans les hauts plateaux du Viet Nam central.

PLEIKU, Hauts plateaux, Viet Nam, 27 avril (UNHCR) - Dans la cour en terre rouge de sa maison en bois à deux étages, Sie Hue court pieds nus sur les grains de poivre, étalés un peu partout afin qu'ils puissent sécher. Elle jette un coup d'oeil en direction des champs à la recherche de son père qu'elle doit prévenir de l'arrivée de ces visiteurs inattendus. Quelques minutes plus tard, elle réapparaît avec lui sur une moto.

Son bébé emmailloté dans un tissu local accroché à son dos, sa femme, Siu E, accueille les invités de l'UNHCR dans sa demeure. Son mari installe des matelas supplémentaires dans la grande pièce. Patiemment et en l'absence de tout représentant officiel, Roan Juan explique pourquoi il est parti de sa maison sur des hauts plateaux du Viet Nam central en direction du Cambodge.

« Je voulais simplement partir ... mais j'étais très triste dans les camps au Cambodge et ma famille me manquait », dit-il à la Haut Commissaire assistante pour la protection, Erika Feller. « Je suis rentré pour m'occuper de mes enfants parce que personne ne prenait soin d'eux en mon absence. »

Pendant qu'il était au Cambodge, sa femme s'est occupée de leurs cinq enfants, de la plantation de poivre sur leur lopin de 0.8 hectare et des vaches qu'ils possèdent. « Je suis heureuse qu'il soit rentré », dit-elle. Roan Juan raconte qu'il n'a pas subi de mauvais traitements à son retour. Il reste perplexe en apprenant les rumeurs de son arrestation.

« Ce n'est pas vrai. Je n'en ai jamais entendu parler », ajoute-t-il, en précisant que les autorités locales lui ont fourni une aide en riz afin de faciliter sa réintégration.

Ses propos confirment les dires des cinq autres rapatriés qu'a rencontrés Erika Feller au cours de ses deux jours de visite à travers tout le district de Gai Lai. Elle a ainsi pu évaluer directement leur situation, se rendant dans la plupart des maisons et rencontrant deux autres rapatriés dans un bâtiment de l'administration locale.

« J'en avais fait la demande. J'ai ainsi pu rencontrer un échantillon de rapatriés - certains rentrés volontairement et d'autres qui ont été expulsés. J'ai aussi demandé à voir certaines des personnes pour lesquelles nous avions reçu des allégations de mauvais traitements », indique Erika Feller.

« Bien entendu, je n'ai pas pu tous les rencontrer mais l'UNHCR a mené 10 missions de surveillance sur les hauts plateaux depuis le rapatriement volontaire des Montagnards débuté en mars l'année dernière. Nous avons rencontré plus de 64 pour cent des rapatriés et nos visites n'ont rien fait ressortir de très alarmant. J'ai aussi une impression positive sur la manière dont les choses fonctionnent sur le terrain dans le cadre de cet accord », a-t-elle précisé.

Quelque 190 Montagnards sont rentrés du Cambodge, y compris 96 rapatriés volontaires et 94 demandeurs d'asile déboutés, après qu'un accord ait été signé entre le Viet Nam, le Cambodge et l'UNHCR à Hanoï en janvier 2005 pour gérer la situation d'environ 750 Montagnards présents au Cambodge à ce moment-là. Dans le cadre de ce mémorandum d'accord, les Montagnards pouvaient soit être réinstallés soit rentrer au Viet Nam. A ce jour, 605 d'entre eux ont été réinstallés, la majorité aux Etats-Unis où beaucoup ont des attaches familiales, alors que 204 autres Montagnards restent dans la capitale cambodgienne, Phnom Penh.

Les Montagnards sont arrivés au Cambodge à partir d'avril 2004. Ils ont expliqué avoir quitté leur pays pour des motifs religieux et en raison de différends fonciers.

Cependant, les rapatriés auxquels Erika Feller a rendu visite, lui ont tous indiqué être partis car des personnes étrangères à leur village leur avaient promis de l'argent et une vie meilleure s'ils allaient au Cambodge.

« On m'a dit que j'aurais de l'argent si j'allais au Cambodge. J'ai entendu ça dans le village », a expliqué un homme qui a été expulsé du Cambodge le 20 juillet 2005. « Je suis parti car d'autres personnes ont dit que je pourrais avoir une vie meilleure au Cambodge. Je ne savais pas en quoi au juste, mais simplement qu'elle serait meilleure », a-t-il ajouté. Cet homme, ainsi que les autres Montagnards avec qui s'est entretenue Erika Feller, ont tous affirmé être partis sans en avoir parlé à leur épouse ou leur mari.

La plupart de ceux qui sont rentrés sont revenus dans leurs familles. Cependant Rohlan H'Ri, qui fait partie des personnes expulsées, indique que pendant son séjour de plusieurs mois au Cambodge, son mari a divorcé et à son retour, elle a dû habiter chez ses parents.

Assise sur un banc de bois, dans la maison familiale, Rohlan H'Ri semble plutôt regretter sa décision d'être partie avec son jeune fils qui est maintenant scolarisé à l'école primaire, en troisième année.

« Des gens m'ont demandé d'aller au Cambodge où je pourrais gagner de l'argent. Ils ont dit que je gagnerais de l'argent mais que je n'aurais pas à travailler », a-t-elle dit. Maintenant Rohlan travaille à la culture de poivre, de café et de noix de cajou sur les terres familiales mais espère travailler de nouveau non loin dans les plantations de l'Etat pour la récolte du caoutchouc où elle travaillait avant de partir et recevait un salaire d'environ 120 dollars par mois.

Après ces visites, Erika Feller a rencontré le Président du Comité populaire de la province de Gai Lai, Pham The Dung. Il lui indiqué que l'accord avait offert un cadre utile pour gérer la situation des Montagnards de retour. Cependant, il a ajouté que si les Montagnards voulaient partir pour les Etats-Unis, ils pourraient le faire sans problème et se procurer rapidement les papiers d'identité nécessaires pour le voyage.

La Haut Commissaire assistante Erika Feller a rencontré les villageois montagnards pendant sa visite de deux jours dans les hauts plateaux du Viet Nam central.

Vendredi, Erika Feller rencontrera des représentants du gouvernement à Hanoï, la capitale du Viet Nam, pour discuter de l'accord, qui traite du cas des Montagnards arrivant au Cambodge.

Par Jennifer Pagonis à Pleiku, hauts plateaux du Viet Nam central