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« Fotola » - Microsoft et le HCR s'associent pour mieux protéger les réfugiés

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« Fotola » - Microsoft et le HCR s'associent pour mieux protéger les réfugiés

Une base de données globale comprenant des informations complètes et individuelles sur les réfugiés et sur leurs besoins a été mise au point dans le cadre d'un projet commun de l'UNHCR et de la société de logiciel Microsoft. La Tanzanie est l'un des 41 pays où a été mis en oeuvre ce projet afin de mieux protéger les réfugiés.
10 Avril 2006 Egalement disponible ici :
Au camp de Lukole « B » à Ngara en Tanzanie, les réfugiés posent pour des photos qui seront ajoutées dans la base de données, établissant ainsi leur identité et permettant à l'UNHCR de leur fournir des services mieux adaptés.

CAMP DE LUKOLE « B », Tanzanie, 10 avril (UNHCR) - John Bankuwiha, un réfugié burundais, est entré comme un ouragan dans le centre d'enregistrement de ce camp à Ngara. Il agitait dans tous les sens une carte de rationnement sale et déchirée en hurlant « fotola, fotola ».

« Fotola » - qui signifie « photo » en langue vernaculaire burundaise - était son seul espoir, après qu'il ait constaté que son nom avait disparu des listes de distribution de nourriture et qu'il n'avait donc plus le droit de recevoir d'aide alimentaire dans le camp. L'étape la plus marquante de cet enregistrement dans la base de données de l'UNHCR étant la prise de photo, les réfugiés ont baptisé « fotola » ce processus d'identification.

Cette base de données a été améliorée et mise en place par un groupe d'experts de l'UNHCR plus connu sous le nom de Project Profile, en partenariat avec la société de logiciel Microsoft. Ce système de gestion d'information comprend des photographies et des données détaillées pour chaque réfugié enregistré, y compris ses besoins spécifiques.

John Bankuwiha semble considérer les membres de Project Profile comme une sorte de jury rendant la justice. « Je ne suis pas un makanaki (un « réfugié suspect »), monsieur ; je vous dis la vérité », dit-il sur un ton suppliant, montrant du doigt l'ordinateur. « Vous vous en rendrez compte si vous cherchez mon nom. »

Quelques secondes plus tard, il pousse un énorme soupir de soulagement. Sa photo et des informations le concernant apparaissent sur l'écran. Il est effectivement un réfugié enregistré qui a le droit de recevoir de la nourriture. Un problème est survenu après qu'il se soit enregistré pour rentrer volontairement au Burundi et qu'il ait changé d'avis, décidant finalement de rester au camp.

Son calme retrouvé, John Bankuwiha explique que les réfugiés apprécient ce système d'enregistrement, devenu le seul lien tangible avec leur véritable identité en cette période d'exil en Tanzanie. « Une fois que nous sommes enregistrés, nous sommes certains que nos données dans l'ordinateur ne seront pas falsifiées », ajoute-t-il. « Ainsi, nos droits en tant que réfugiés sont protégés et nous pouvons recevoir l'aide à laquelle nous avons droit dans les camps et une fois rentrés dans notre pays. »

Project Profile et le logiciel d'enregistrement ProGres ont permis d'améliorer la collecte, le partage et l'utilisation de données sur les réfugiés et sur les autres personnes relevant de la compétence de l'UNHCR par les membres de l'agence humanitaire. Ce système standardisé remplace des dizaines de bases de données plus anciennes et généralement incompatibles. Il est né à partir d'un système d'enregistrement mobile créé pour la crise au Kosovo en 1999. Il permet de fournir une vue plus complète des besoins individuels des réfugiés, de disposer d'informations démographiques sur les camps et de connaître l'origine des réfugiés afin de mieux planifier leur retour chez eux.

« C'est un outil important pour aider l'UNHCR à mieux protéger les réfugiés », a indiqué la Haut Commissaire adjointe Wendy Chamberlin qui, le mois dernier, a accompagné en mission le Conseil de l'UNHCR des dirigeants d'entreprise, et notamment un cadre de haut niveau de Microsoft, pour voir le Project Profile en cours d'utilisation au camp de Lukole « B », à l'ouest de la Tanzanie.

« Comment protéger quelqu'un dont on ne connaît pas l'existence ? » a-t-elle ajouté. « Disposer de ce type de document d'identité permet déjà une forme élémentaire de protection, et les réfugiés peuvent ensuite avoir accès à divers services. »

Jusqu'à maintenant, soixante-dix employés de Microsoft ont donné de leur temps et de leur expertise pour aider les membres du Project Profile à mettre en place le processus d'enregistrement dans les camps de l'UNHCR d'environ 41 pays.

Patrick De Smedt, Président de Microsoft Europe Moyen-Orient et Afrique, qui fait partie du Conseil des dirigeants d'entreprise, a été impressionné par les résultats tangibles obtenus grâce à l'aide de son entreprise.

« Le système gère un grand nombre d'informations démographiques - le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants - leur âge, le taux de mortalité, l'origine géographique et le type de protection dont ils ont besoin », a-t-il expliqué. « De même, leur statut médical et des détails sur leur alimentation et leur nutrition sont enregistrés. C'est une base de données qui permet d'effectuer des tris. Elle vous aide à prévoir et à vous assurer que vous disposez du matériel et de l'aide appropriés pour fournir aux réfugiés les services dont ils ont besoin. »

« C'est enthousiasmant de voir une démonstration du système en temps réel », a ajouté Patrick De Smedt après la visite du centre d'enregistrement du camp de Lukole « B ». Sur place, il a pu observer l'organisation des enregistrements y compris les entretiens avec les réfugiés, la saisie informatique, et la prise de photo numérique de chaque réfugié, inclus des bébés.

La base de données ProGres, qui protège les informations confidentielles, peut être partagée entre les bureaux de l'UNHCR pour permettre au rapatriement de réfugiés de se passer le mieux possible. Disposer de données globales permet d'assurer que le nombre de salles de classe prévues est suffisant pour les enfants rapatriés en âge de scolarisation, ou d'assister d'autres rapatriés ayant des besoins spécifiques.

Patrick De Smedt est rentré de Ngara, très motivé pour développer encore davantage ce système dans un avenir proche.

« Nous avons déjà fait de grands progrès jusqu'à maintenant », a-t-il dit, « mais nous avons toujours la possibilité d'améliorer le système et d'aller de l'avant. »

Par Roselyn Paul et Kitty McKinsey, au camp de Lukole « B »