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L'esprit de Noël belge réchauffe le coeur des demandeurs d'asile

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L'esprit de Noël belge réchauffe le coeur des demandeurs d'asile

Un journal belge de la province de Limburg a lancé une initiative originale : demander à ses lecteurs d'inviter un demandeur d'asile pour le dîner de Noël. Plus de 100 familles se sont proposées. Pour les hôtes belges et leurs invités, cette expérience conviviale s'est avérée mémorable et a même marqué le début de quelques amitiés.
29 Décembre 2005 Egalement disponible ici :
Des familles belges et de demandeurs d'asile ont passé Noël ensemble dans la province de Limburg, grâce à l'initiative d'un journal régional.

BRUXELLES, 29 décembre (UNHCR) - Il n'y a plus de place à l'auberge, selon l'Evangile de Luc. Par contre, il en reste dans la province belge de Limburg, où un journal local a lancé une remarquable initiative parmi ses lecteurs : Pourquoi ne pas inviter un demandeur d'asile pour le dîner de Noël ?

« Notre objectif était de trouver une famille hôte pour le dîner de Noël dans chacune des 44 communes de la province de Limburg », explique Gert Reynders du quotidien Het Belang van Limburg. « Beaucoup étaient sceptiques sur le sujet, mais à peine deux semaines plus tard, nous avions recensé une centaine de familles, prêtes à inviter un demandeur d'asile à leur table. »

Avec l'aide des centres d'accueil locaux et des services sociaux, de nombreux demandeurs d'asile ont été invités à ce qui serait une inoubliable expérience de Noël belge. Les familles hôtes sont allées les chercher en voiture là où ils habitent. Les invités d'une famille étaient des Tchétchènes qui ne parlent pas le flamand, qu'à cela ne tienne, un autre Tchétchène a été convié comme interprète.

Tout a été organisé pour que les invités se sentent comme chez eux, évitant même de servir des repas qui pourraient aller à l'encontre de leurs coutumes religieuses ou de leurs goûts.

« Notre invité du Soudan aurait pu trouver trop douce notre cuisine traditionnelle belge, alors nous avons préparé un poulet épicé au curry », raconte Paul Machiels.

De nombreuses familles ont même acheté des cadeaux pour leurs visiteurs. Mais l'hospitalité et la chaleur humaine ont constitué le présent le plus important que les hôtes belges pouvaient offrir à leurs invités.

« C'est merveilleux d'être traitée pour une fois comme une personne normale. C'est le début d'une belle amitié », affirme Irina, du Kazakhstan, aux journalistes du Het Belang van Limburg qui a publié un supplément spécial sur les expériences de Noël des demandeurs d'asile.

La première expérience de Noël belge de Kadiatou a été remplie de moments heureux, mais aussi de quelques pensées plus tristes. Arrivée de Guinée en Afrique de l'ouest avec son fils de deux ans, Balde, juste quelques jours avant, elle a laissé derrière elle trois de ses enfants. Mais son petit garçon s'est immédiatement senti chez lui avec la famille Boiten, qui les a reçus.

« Balde a gagné nos coeurs, mon mari Danny a joué avec lui toute l'après-midi », raconte Lizzy Boiten. « Nous avons convenu de nous rencontrer à nouveau pour une promenade et des glaces, et Kadiatou a promis de me faire des tresses africaines ! »

« Aujourd'hui, à Noël, on entend beaucoup de belles paroles et de souhaits, mais rares sont les personnes qui agissent vraiment en faveur des plus démunis », regrette Valère Snoek qui, avec sa femme, avait immédiatement accepté d'inviter deux demandeurs d'asile pour leur dîner de Noël : Awad, une journaliste du Soudan, et Yvette, qui a fui la République démocratique du Congo après la disparition de son mari en prison en 2004.

« J'étais très heureuse d'être invitée par une famille belge pour Noël », affirme Yvette. « Autrement je serais restée seule toute la soirée dans ma petite chambre du centre de réception à m'inquiéter pour ma famille. »

Malgré les différences de culture et d'expériences vécues, les hôtes et les invités ont trouvé beaucoup de sujets de conversation.

« Quand j'ai ouvert la porte à nos invités, c'était comme si on se connaissait depuis des années », confie Ricardo Colombo, qui a invité à dîner Neyriman, un Iranien, avec sa femme et ses enfants. Bien qu'ils habitent à proximité dans la ville de Genk et que les deux familles ne s'étaient jamais rencontrées, ils se sont tout de suite bien entendus. Ils ont parlé de leur vie et de leur passé, mais aussi de football. Le fils de Neyriman est un supporter inconditionnel du club local Racing Genk.

« C'était une très bonne soirée », rajoute-t-il. « Nous sommes convaincus que ce type de rencontres aidera à établir des liens entre les personnes et à combattre l'intolérance. »

C'était l'objectif que le Het Belang van Limburg souhaitait atteindre. « Notre but était de corriger l'image négative des demandeurs d'asile et d'aller à l'encontre des sentiments négatifs ainsi que du mécontentement parmi le public, qui alimentent cette intolérance », déclare Gert Reynders. « La ligne éditoriale du journal consiste à faire découvrir à ses lecteurs une vue plus large de ce qui se passe dans le monde, selon la devise de notre quotidien : citoyen de Limburg, citoyen du monde. »

Pour la rédaction, c'était un succès inattendu et une expérience enrichissante à renouveler en 2006. Une famille de Genk a écrit au journal : « Nous avons passé une soirée magnifique, conforme à l'esprit de Noël, avec des personnes merveilleuses. Et nous nous sommes fait d'excellents nouveaux amis ! »

Par Diederik Kramers et Elke De Jagher, UNHCR Bruxelles