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De retour en Croatie, 10 ans après l'opération Tempête

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De retour en Croatie, 10 ans après l'opération Tempête

Dix ans après l'opération Tempête, alors que les forces armées croates ont lancé une offensive massive, qui a forcé à l'exil 250 000 Serbes de Croatie, plus de la moitié de cette population réfugiée est revenue en Croatie. L'UNHCR est concerné par leurs défis et leurs espoirs, à l'occasion du 10ème anniversaire de cet exode.
5 Août 2005 Egalement disponible ici :
La famille Dragas habite chez des proches à Gornji Cuntic, en Croatie centrale, en attendant l'aide du gouvernement pour construire leur maison.

GORJNI CUNTIC, Croatie, 5 août (UNHCR) - Le 5 août 1995, les forces armées croates ont lancé une offensive massive, sous le nom de code 'opération Tempête' et marqué la fin de quatre ans de soulèvement, qui avait affecté le tiers du territoire, par des éléments armés de la minorité serbe du pays.

Formant 12 % de population croate des années 90, beaucoup de Serbes de Croatie se sont opposés à l'indépendance de la jeune nation, lors de la dissolution de la Yougoslavie multi-ethnique de Tito. Avec le soutien de l'armée fédérale yougoslave dominée par les Serbes et des forces paramilitaires, en 1991, les Serbes de Croatie ont mis sous leur contrôle, durant six mois de guerre, des portions de cette ex-République yougoslave peuplées majoritairement de Serbes. Fin 1991, quelque 500 000 Croates et d'autres non-Serbes ont été expulsés des parties de la Croatie occupées par les forces serbes.

En 1995, l'opération Tempête, dirigée par les militaires croates, apporta non seulement un revirement de situation sur le champ de bataille mais a également précipité une nouvelle vague de déplacés - cette fois, dans la direction opposée. Quelque 250 000 Serbes de Croatie ont fui le pays et ont trouvé refuge en République fédérale yougoslave (maintenant Serbie-et-Monténégro) et dans les parties contrôlées par les Serbes en Bosnie-Herzégovine.

Parmi eux, la jeune Gordana, âgée de 12 ans, a quitté avec ses parents le village de Gornji Cuntic, près de la ville de Petrinja au centre de la Croatie.

Dix ans plus tard, Gordana est de retour à Gornji Cuntic. Après une décennie en exil en Serbie - au cours de laquelle elle s'est mariée avec Zoran Dragas, également réfugié de Gornja Cuntic, et a donné naissance il y a trois ans à Nikola - elle et son époux ont décidé de rentrer en Croatie. Se souvenant de leur décision, elle dit : « Un jour, Zoran a dit : 'Je suis né en Croatie, je veux rentrer chez moi'. »

Et c'est ainsi qu'ils y sont rentrés. Le 15 juin 2005, la famille Dragas et neuf autres familles ont pris place dans le 400ème convoi de retour depuis que l'UNHCR a commencé en 1996 à organiser ses opérations de rapatriement volontaire en Croatie.

En coordination avec les autorités croates, l'UNHCR a aidé au retour plus de 18 000 réfugiés de Serbie-et-Monténégro et plus de 7 500 depuis la Bosnie-Herzégovine durant ces dix dernières années. Le gouvernement croate estime que 107 000 autres réfugiés sont rentrés par leurs propres moyens en Croatie. Le reste des quelque 250 000 réfugiés ayant fui la Croatie en 1995 se sont intégrés dans les pays voisins, ou sont en train d'organiser leur retour.

De plus, 240 000 déplacés, la plupart d'origine croate, sont rentrés chez eux depuis 1995.

Actuellement, la famille Dragas - avec un nouveau-né - vit avec quatre parents âgés dans la modeste cabane de la grand-mère de Gordana, en attendant une réponse positive du gouvernement croate pour une aide à la construction de leur maison. La Croix-Rouge croate, partenaire clé de l'UNHCR dans le domaine de l'aide humanitaire aux réfugiés, leur a donné deux lits. « C'est tout ce qu'ils pouvaient nous donner », dit-elle.

Parmi les obstacles au retour, le fort taux de chômage en Croatie, particulièrement dans les régions ravagées par la guerre, semble le plus important problème. Pour le moment, les Dragas n'ont pas de revenu. Gordana, qui suit une formation pour tenir une laiterie, se rappelle l'instabilité de leur vie en exil : « Ici et là, nous avons travaillé et reçu des salaires mais aucun de nous n'a réellement occupé un emploi. C'était l'une des principales raisons qui nous a poussés à revenir. »

Néanmoins, la situation dans leur région de retour n'est pas meilleure. « Mon mari, qui était mécanicien, aide ponctuellement au travail dans la forêt. C'est un travail très dur. Je ne sais pas comment nous allons faire. » Mais elle reste optimiste : « Nous savons que tout démarrage est difficile. Nous espérons une aide du gouvernement pour construire notre maison et, peu à peu, nous nous en sortirons. »

Même s'ils savaient que la Croatie n'était pas le paradis et qu'ils ne devaient pas s'attendre à voir leurs conditions de vie s'améliorer rapidement, elle et son mari ne regrettent pas leur décision. « L'envie de retourner à la maison était simplement plus forte. Ici, nous sommes chez nous. »

Les rapatriés doivent affronter des problèmes liés au droit de la propriété. Selon les statistiques du gouvernement croate, 385 maisons, majoritairement occupées par d'anciens réfugiés croates de Bosnie-Herzégovine, doivent encore être rendues à leur propriétaire. De plus, plusieurs Serbes de Croatie, dont certains vivaient auparavant en ville, ne peuvent rentrer car ils ont perdu leur bail d'occupation d'appartements sociaux.

En 2004, le gouvernement a lancé un plan ambitieux pour fournir des logements à des groupes spécifiques de réfugiés mais, à ce jour, aucune décision positive n'a été prise en faveur des bénéficiaires potentiels. L'UNHCR a fait évoluer son rôle d'assistance humanitaire aux réfugiés et personnes déplacées de ce pays, durant le conflit armé au début des années 90. L'UNHCR concentre maintenant ses activités sur la sécurité, par l'intermédiaire de ses partenaires opérationnels et des organisations non gouvernementales locales, et l'aide juridique gratuite pour aider les rapatriés à faire valoir leurs droits.

La situation globale de sécurité dans les zones de retour est satisfaisante. Les incidents interethniques et les attaques contre des rapatriés serbes demeurent isolés. L'UNHCR a récemment condamné de tels incidents lorsque deux rapatriés âgés ont été attaqués dans le village d'Ostrovice, dans l'arrière-pays de la ville côtière de Zadar. Pour Gordana, la sécurité n'est pas un problème. « Tous nos amis de classe croates, même après 10 ans, pas un jour ne passe sans que l'un d'eux ne s'arrête près de notre maison pour prendre de nos nouvelles. » La famille n'a pas eu de difficulté à obtenir des papiers croates, ajoute-t-elle.

Près d'une décennie après la fin des hostilités dans le sud-est de l'Europe, les gouvernements de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Serbie-et-Monténégro se sont engagés, dans le cadre de la déclaration de Sarajevo du 31 janvier 2005, à trouver une solution à tous les problèmes encore non résolus, relatifs aux personnes déplacées dans la région d'ici la fin 2006. Plusieurs fois, les leaders politiques clés de la Croatie, dont le Président Stjepan Mesic et le Premier ministre Ivo Sanader, ont invité les réfugiés des pays voisins à rentrer chez eux en Croatie. Pour la famille de Gordana et de Zoran Dragas, le long voyage de 10 ans d'exil s'est heureusement achevé.

Par Neven Crvenkovic, UNHCR Zagreb