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L'Allemagne accorde des bourses d'études pour la formation d'instituteurs réfugiés en Papouasie-Nouvelle-Guinée

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L'Allemagne accorde des bourses d'études pour la formation d'instituteurs réfugiés en Papouasie-Nouvelle-Guinée

8 Décembre 2004 Egalement disponible ici :
Les boursiers réfugiés à l'IUFM de St Benedict à Wewak, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

WEWAK, Papouasie-Nouvelle-Guinée, 8 déc. (HCR) - Grâce à un programme allemand créé pour commémorer Albert Einstein, de jeunes réfugiés viennent de terminer leur première année comme boursiers du DAFI dans un Institut de formation des maîtres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). Bientôt ils pourront aider d'autres jeunes dans leur campement de réfugiés.

Le programme de bourses du DAFI, financé par le gouvernement allemand à travers l'Albert Einstein German Academic Refugee Initiative, encourage l'autosuffisance des réfugiés en leur permettant d'accéder à l'enseignement supérieur dans leur pays d'asile, augmentant ainsi leurs chances de trouver un emploi. Depuis 1992, le gouvernement allemand a donné en moyenne plus de 2 millions de dollars par an au HCR pour alimenter ce programme.

En PNG, cette année, le programme s'attache à aider de jeunes réfugiés à devenir instituteurs diplômés afin qu'ils puissent à leur tour enseigner aux enfants de la zone d'installation de réfugiés située dans l'East Awin, une région reculée. Les bourses sont attribuées au mérite et couvrent les frais d'inscription et d'internat, les livres, l'habillement, les frais médicaux et autres dépenses de la vie courante, ainsi que le transport d'East Awin à Wewak, où quatre boursiers réfugiés étudient à l'IUFM de St Benedict.

Soeur Maureen Sexton du Diocèse de Daru-Kiunga, partenaire opérationnel du HCR pour ce projet, témoigne à l'issue d'une récente visite à Wewak que les quatre étudiants donnent toute satisfaction dans leurs études, avec des résultats au-dessus de la moyenne.

Ces quatre boursiers sont arrivés très jeunes en PNG avec leurs parents dans les années 1980 en provenance de la province indonésienne de Papouasie (anciennement Irian Jaya), et sont allés à l'école dans divers villages de l'East Awin avant de terminer leurs études secondaires dans la ville de Kiunga, dans la province occidentale. Leurs parents faisaient partie d'une vague de réfugiés qui ont franchi la frontière et quitté l'Indonésie suite à une répression accrue des activités indépendantistes.

Janu Amuan avait quatre mois quand ses parents ont fui la province indonésienne de Papouasie, traversant à pied des montagnes, des fleuves et d'épaisses jungles avant de se poser provisoirement dans la région frontalière de Katawim près de la Fly River, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. En 1992, après le décès de sa mère, il se retrouva au campement de réfugiés de l'East Awin et ne tarda pas à intégrer l'école primaire West Montfort dans le village d'Iowara. Il est aujourd'hui le premier des quatre boursiers du DAFI à obtenir son diplôme d'instituteur. De toutes les disciplines Janu préfère les sciences sociales, « parce qu'elles s'intéressent aux gens - on étudie des problèmes contemporains et les comportements humains. »

A son arrivée à Wewak, Janu souffrait d'être éloigné de sa famille pour la première fois. « Il m'a fallu un moment pour m'habituer à l'internat, au lycée j'étais externe. Et puis j'avais peur d'aller en ville, surtout le soir. Ce qui m'a plu c'est de découvrir le tok pisin (la langue véhiculaire de PNG). C'est une langue passionnante à apprendre. Et j'aime rencontrer d'autres jeunes des quatre coins du pays et me faire de nouveaux amis. »

Juliarius Petrus a vingt ans. Sa famille vient de la même région de Papouasie que celle de Janu - Mindiptana. En 1984, lui et les siens ont bravé la jungle et les pluies torrentielles pour arriver à Katawim, en PNG, avant de s'installer dans l'East Awin en 1991, avec l'aide du HCR. Comme Janu, Juliarius a commencé l'école à West Montfort.

Juliarius a trouvé sa première année à l'IUFM très enrichissante. « Nous approfondissons sans cesse nos connaissances et notre expérience, ce qui nous aidera et nous donne les capacités nécessaires pour aider les autres, surtout sur le plan pédagogique. » S'il aime toutes les matières, l'anglais reste sa favorite : « Il me permet de bien communiquer avec les autres étudiants de la classe. »

Il a hâte d'enseigner afin d'éduquer les enfants de son peuple. « Je veillerai à susciter des vocations comme la mienne, » promet-il. Juliarius aimerait faire comprendre à sa communauté l'importance de la scolarisation des enfants, dans l'intérêt de tous. « J'encouragerai les parents à soutenir leurs enfants dans leurs études, parce que l'avenir de notre pays repose sur la prochaine génération. »

L'East Awin a été choisi en 1987 par le gouvernement de PNG comme zone d'installation pour les réfugiés de la province indonésienne de Papouasie. Près de la moitié de la population actuelle du campement - 2 700 personnes - a moins de 18 ans, or il manque de professeurs qualifiés qui acceptent de travailler dans ce lieu isolé. Une fois diplômés, les quatre boursiers du DAFI retourneront enseigner dans les écoles de l'Agence catholique de l'East Awin et aideront les jeunes réfugiés à acquérir une bonne éducation afin d'accroître leurs chances et leur potentiel.

Ce programme peut notamment servir de motivation aux filles qui sont actuellement élèves de seconde et de première dans les lycées de l'East Awin, en les incitant à terminer leurs études secondaires et à se porter candidates à l'obtention d'une bourse.

« Grâce à l'exemple encourageant des premiers boursiers du DAFI, des jeunes filles qui sinon auraient quitté le lycée se sentiront motivées et finiront leur terminale, » affirme Maureen Sexton. Elle précise que le faible nombre de filles en fin du secondaire est un phénomène commun dans l'ensemble du pays, et pas seulement parmi les jeunes réfugiés. A St Benedict, sur les 30 étudiants originaires de la province occidentale, cinq seulement sont des filles.

Le programme de bourses du DAFI se double d'un autre projet destiné à encourager les filles à poursuivre leurs études. « Les jeunes filles ont besoin de modèles auxquels s'identifier pour continuer le lycée - il faut leur montrer qu'il est possible d'aller de l'avant grâce à l'éducation et d'exercer un métier qui ait un sens, » plaide Soeur Maureen.

En 2005, le DAFI continuera d'aider les trois boursiers encore non diplômés à suivre leur deuxième année à l'IUFM. Quatre nouvelles bourses seront attribuées - trois à de futurs enseignants (dont deux jeunes femmes), et une à un étudiant en agronomie.

Par Ariane Rummery, HCR Australie