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Femmes et enfants sont traumatisés par le conflit au nord du Yémen

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Femmes et enfants sont traumatisés par le conflit au nord du Yémen

Elham erre sans but, elle frappe dans ses mains, elle murmure des mots incompréhensibles et pousse parfois des cris hystériques. Cette fillette de six ans, victime des combats sévissant au nord du Yémen, souffre de graves traumatismes.
24 Septembre 2009 Egalement disponible ici :
Les femmes et les enfants pris au piège dans le conflit sévissant au nord du Yémen sont particulièrement vulnérables aux traumatismes.

HARADH, Yémen, 24 septembre (HCR) - Elham erre sans but entre les tentes dans le camp accueillant des déplacés internes où elle vit désormais. Elle frappe dans ses mains, elle murmure des mots incompréhensibles et pousse parfois des cris hystériques sans s'adresser à une personne en particulier.

Cette fillette de six ans souffre de graves traumatismes comme de nombreuses autres jeunes victimes des combats entre les troupes gouvernementales et les forces Al Houthi au nord du Yémen qui ont contraint des milliers de personnes à quitter leur foyer dans la ville de Sa'ada et ses environs depuis le début du mois d'août. Les femmes vulnérables sont également traumatisées et elles ont autant besoin d'aide que les enfants.

Elham fait partie des 5 500 personnes qui ont fui vers le camp Al Mazraq dans le district de Haradh, au sud-ouest du gouvernorat de Sa'ada. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a installé des tentes et distribué des produits non alimentaires mais les victimes comme Elham ont besoin de soins médicaux et psychologiques difficiles à obtenir dans un endroit aussi reculé.

Cependant, comme l'explique le responsable sur le terrain Mai Barazi, « le HCR, en coordination avec la Communauté charitable pour le bien-être social [Al Islah], identifie les personnes ayant des besoins particuliers, notamment celles nécessitant un soutien psychosocial, afin de les orienter vers les programmes de santé et de protection de l'enfance mis en place par l'OMS [Organisation mondiale de la Santé] et l'UNICEF [Fonds des Nations Unies pour l'Enfance] ».

Dans l'intervalle, les collaborateurs du HCR sur le terrain essaient d'aider Elham mais la tâche est difficile. « Elle ne vous entend pas », a indiqué son père aux travailleurs humanitaires. « Elle a perdu l'audition pendant le bombardement sur Sa'ada. Elle a aussi perdu la mémoire et la capacité de parler ». Par contre, elle ressent toujours la douleur et ses cris perçants ne laissent personne indifférent.

Toutefois, les professionnels de la santé se montrent plutôt rassurants en ce qui concerne le traitement de ces pathologies. « Les enfants ont de fortes capacités de résilience. Ils se remettent plus rapidement du traumatisme que les adultes. Elham a de grandes chances d'être guérie car, dans son cas, nous connaissons la cause du traumatisme et nous pouvons intervenir de manière adéquate », a déclaré Kamel Ben Abdallah, un médecin travaillant pour l'UNICEF au Yémen.

Elham et sa famille vivaient à Sa'ada où les combats sporadiques depuis 2004 ont provoqué le déplacement de quelque 150 000 personnes. Lors de la dernière vague de violence qui a commencé en août, Elham jouait dehors quand sa famille a entendu une énorme explosion, suivie de cris. Ils se sont précipités dehors et ont trouvé la fillette inconsciente étendue par terre.

Quand elle a repris ses esprits au bout de trois heures, Elham ne reconnaissait personne. Elle semblait également muette et sourde. Mais quelques jours plus tard, elle a balbutié « Maman, Maman » et elle a commencé à frapper dans ses mains - la dernière chose qu'elle faisait avant d'être frappée par le souffle de l'explosion.

La famille a fui Sa'ada il y a environ trois semaines, parcourant une grande partie du chemin à pied avant d'être emmenée par un véhicule. « Je n'ai pas les moyens de lui payer un médecin », a déclaré Hussein, son père, en tentant de retenir ses larmes. « Elle est ma seule fille, avec cinq fils. C'est mon être le plus cher. J'espère qu'elle pourra redevenir enfant, jouer et rire encore ».

Sa mère, qui souffre également du choc, explique qu'elle a dû attacher Elham avec une corde « afin de ne pas la perdre, en particulier la nuit. Nous pourrions nous réveiller un matin et ne plus la retrouver. Je ne pourrais pas supporter de la perdre ».

Plusieurs autres enfants arrivant à Al Mazraq souffrent de traumatismes. Les adultes, en particulier les femmes, souffrent également de problèmes mentaux liés au conflit. Allaitant son bébé de 10 mois à l'intérieur d'une tente du HCR, Fatima a le regard perdu dans le vide et refuse de parler aux visiteurs du HCR.

« Le jour où nous avons fui [de Malaheet à Sa'ada], des hommes armés ont fait irruption dans la maison alors que nous étions en train de préparer le repas et ils ont investi le toit. Nous avons pensé qu'ils allaient s'en servir comme une base militaire. Nous sommes partis immédiatement », explique sa sœur. Le traumatisme de quitter son foyer et de voyager pendant des jours avec un bébé était trop fort pour Fatima.

En attendant, les donateurs ont commencé à répondre à l'appel du HCR d'un montant de cinq millions de dollars pour financer son opération au nord du Yémen. L'agence pour les réfugiés a distribué de l'aide aux personnes déplacées à Sa'ada et dans les gouvernorats voisins par l'intermédiaire de ses partenaires locaux. Elle a également prié les parties au conflit d'ouvrir des couloirs humanitaires pour permettre au HCR et à d'autres organisations humanitaires d'aider les personnes dans le besoin.

L'ampleur des déplacements au Yémen dépasse les ressources locales des communautés d'accueil, la plupart des déplacés étant accueillis par des parents, des amis ou des voisins, mettant ainsi à rude épreuve les modestes réserves et les infrastructures limitées. Un soutien urgent de la communauté internationale s'impose pour soulager cette situation désespérée.

Par Laure Chedrawi à Haradh, Yémen